Le 15 mai dernier Amélie, Vincent et leurs enfants installés à Saint-Laurent-la-Vernède ont perdu 6 années de labeur acharné en 15 minutes. Le processus de transition n’est jamais à l’abri d’un évènement extérieur incontrôlable, inarrêtable, dévastateur !
Là il s’agit de la destruction de leurs potagers, de leurs structures « bois, terre, paille » par un voisin menaçant depuis peu et qui est subitement passé à l’acte. Pour les aider à payer les frais de justice et recommencer sur une autre parcelle une cagnotte leetchi est ouverte pour encore un peu plus de deux mois.
Transiter c’est… accepter !
Après son premier post FB du 15 mai, le 17 mai Amélie communiquait :
« j’ai perdu 6 années de travail, j’ai été 6 années bénévole et je souhaitait me salarier avec cette belle et magnifique saison qui s’offrait à nous … avec cette cruauté, je n’ai plus de nourriture familiale , plus de marchés donc 4 mois de travail anéanti, plus de tomates de sélection variétale sur laquelle je travaillais, pas de récolte de graines pour les marchés d’hiver … choquée j’ai du renoncer à certains contrats aussi, bref financièrement c’est pas la joie…
J’ai accepté : la cagnotte mise en place par des amis devrait nous aider à payer l’huissier, l’avocat, le rachat de graines… il y aura des journées collectives pour nous aider a démonter les serres et finir de démonter la nidhrondelle…
On cherche une location rapidement, nous ne nous sentons plus en sécurité ici, le message de haine est clair et je ne souhaite plus que mes enfants vivent ici… Nous replantons sur une autre parcelle si vous souhaitez donner un coup de main bienvenu, bienvenue aussi… nous diffuserons des dates coup de main…
Pour ceux et celles qui ont participé à des ateliers, des chantiers participatifs qui souhaitent témoigner bienvenue. Merci pour vos témoignages de soutien, merci de votre positionnement clair pour le vivant… »
Association pour une autonomie joyeuse et responsable !
assobatirvivant@gmail.com
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Chantiers participatif
Les 3 et 4 juin dernier un premier chantier participatif… « Suite à la destruction de notre production professionnelle et au vidage de cuve d’eau nous souhaitons déménager rapidement… durant le week-end nous démonterons la serre, la douche extérieure, finir de démonter la nidrondelle et l’acheminer devant chez nous. » …s’est tenu pour les aider.
Puis les 24 et 25 ; « Il reste des allers retours à faire, les structures terres paille enfants à déconstruire, le module formation à démonter, bienvenus, bienvenues… On déménage, nous donnons des poissons, du papyrus, de la menthe d’eau et des nénuphars. Nous donnons aussi des palettes et de la pierre de construction blanche (orgnac) qui faisait nos fondations. »
Un témoignage
«1 salade, ça donne 1000 graines !»
Et Amélie en a planté plus d’une ! Mais elle a besoin d’un coup de pouce!
Amélie a choisi une filière Sciences médico Sociales et a travaillé dans le soin, beaucoup, en maison de retraite, comme animatrice en service adapté, en tant qu’aide soignante puis infirmière. Elle choisit souvent les soins palliatifs. Le milieu du soin, elle l’a observé de tous les côtés et même avec le nez rouge d’un clown qui vient égayer le mercredi des retraités. Ce petit fil rouge qu’on devine dans la vie de certaines personnes, c’est la joie du clown chez Amélie. Multi-casquettes elle devient clown d’intervention sociale : ça l’a toujours aidée à ouvrir les discussions, désamorcer les conflits, être à l’écoute de tout un monde avec le déguisement de clown et sa grande sensibilité envers les autres. Les graines de salade d’Amélie, je crois que ce sont ces formations ! Chaque année, elle se nourrit de nouvelles connaissances suivies d’apprentissages ciblés : maraîchage bio, permaculture, arboriculture, sol vivant…
La ressource d’Amélie c’est son potager !
Avec un jardin, Amélie se rend compte qu’avec peu de moyen on a beaucoup de richesses sur la table mais aussi dans le partage qu’on peut en faire. Elle commence à préparer des semences pour sa famille et ses amis et la passion devient évidente. En 2018 l’association «Bâtir vivant» voit le jour avec un petit volet qui s’appelle «graine d’éveil». La vente de graines décolle, les ateliers sur les plantes médicinales, les semences et les plants se multiplient. Aujourd’hui l’association s’est développée avec l’idée que cela devienne un réseau d’artisans qui partagent leurs savoirs-faire. Il y a les ateliers de transformations cosmétiques et les ballades botaniques et médicinales lancées par Christine. Il y a Vincent, Artisan qui s’occupe de tout ce qui est «éco-construction». Flavie, qui est paysanne boulangère et Rackel qui est en deuxième année d’herboristerie mais qui est, à la base vannière: une belle occasion pour l’asso de faire des ateliers de vannerie. Il y a bien entendu le volet apiculture avec Jean-Michel !
Amélie, paysanne dans l’âme.
Reste focalisée sur les semences, les plants et les ateliers de soins sur les thèmes du bien-être en famille, les interventions dans les maisons de retraite et des créations de potager dans les écoles. D’origine Créole-Malgache et Bretonne dont l’enfance s’est déroulée dans les Pyrennées, ses liens avec le métissage et le voyage se révèlent importants dans la manière dont elle travaille : ramener des cultures d’ailleurs, apprendre à découvrir d’autres plantes, travailler les semences alors qu’il s’agit d’hybridation, partager son temps entre créer des potager dans les écoles avec les enfants et continuer ses interventions dans les maisons de retraite en créant des jardins de plantes médicinales, c’est un joli lien avec le voyage et le métissage des gens et des genres ! Une association riche de sens qui se veut vraiment collective !
Pourtant
L’arrivée du voisin a entrainé plusieurs plaintes : vols, injures, menaces… Puis, très récemment : vol et dégradations aggravée ; une partie de son environnement de travail est détruit par un gyrobroyeur : 1500 plants, 50 arbres fruitiers, plus de 300 plantes régénérantes pour le sol, toutes ses plantes montées en fleurs pour la récupérations des graines…
Amélie n’a d’autre choix que de quitter les lieux car l’environnement n’est plus en adéquation avec ses valeurs. Elle cherche la paix et à maintenir son association dans l’équilibre des humeurs. À la fin de l’année, Amélie aurait pu enfin se verser un salaire… elle a dû arrêter les marchés car elle n’a plus rien à vendre.