LA FIN D’UN COMBAT
Communiqué du Collectif pour la sauvegarde de l'Uzège et de la SOREVE
Les terres nourricières bientôt couvertes de béton pour une zone d’activités inutile.
Depuis 2017, le Collectif pour la sauvegarde de l’Uzège et la SOREVE, associations loi 1901 pour la protection de l’environnement, se sont mobilisées avec leurs adhérents et des associations et organisations locales pour dénoncer le projet de la ZAC « Les Sablas » porté par la Communauté de Communes du Pays d’Uzès (CCPU).
Les objectifs poursuivis étaient de :
- démontrer les incohérences du projet sur les plans économique, écologique et social,
- préserver les terres agricoles,
- demander l’étude d’alternatives au projet commercial de la CCPU,
- demander une réelle concertation autour de cette ZAC.
En octobre 2017, la première enquête publique a fait l’objet d’une forte mobilisation : 289 contributions contre le projet et 110 pour (dont 60 lettre-type sponsorisées par le président de la CCPU de l’époque), avec la participation d’associations, de particuliers, d’entrepreneurs, et d’élus. Elle a abouti à un avis défavorable de la commissaire enquêtrice sur le dossier environnemental. Cet avis, basé sur les nombreux inconvénients du projet, invitait à la concertation et à l’étude d’alternatives.
Une deuxième enquête publique a été diligentée dans la foulée, dès octobre 2018 ; plus expéditive, encadrée par trois commissaires enquêteurs. Douze associations s’étaient organisées ensemble pour y contribuer de manière argumentée, chacune dans son domaine de prédilection. Plus de 500 contributions ont été reçues, dont 65 % d’avis défavorables !
Résultat : La commission d’enquête donne un avis favorable, et l’arrêté préfectoral autorisant la création de la ZAC est délivré.
En parallèle, la CCPU a enchaîné les travaux illégaux :
- en 2016, elle détruit un secteur arboré sur la ZAC qui devait être préservé pour un insecte protégé, le Lucane cerf-volant ;
- en 2021, elle engage les travaux alors que le diagnostic archéologique n’a pas été réalisé.
Résultat : un site de 2 000 m2 datant du néolithique a été détruit ; - en 2022, elle réalise des travaux de réseaux sur la tranche 2 alors que les études préalables n’ont pas été faites et qu’aucune autorisation n’a été donnée pour ce secteur.
Nous avons eu beau interpeler les élus et prévenir les services de l’État, la CCPU n’a pas été sanctionnée alors qu’elle n’a factuellement pas respecté la Loi.
Cependant, les mobilisations collectives contre le projet de ZAC (plantation d’arbres, marche sur la départementale, flashmob, etc.) et le relais dans les médias ont permis d’avoir un large soutien populaire. Les procédures judiciaires engagées pour faire annuler ce projet ont pu ainsi être financées par les citoyens, associations et entreprises locales : au total, plus de 35 000 euros ont été récoltés !
Aujourd’hui, le jugement de la cour administrative d’appel est tombé : elle rejette notre demande d’annulation du projet de la ZAC « Les Sablas » et nous condamne à payer 2000 € à la CCPU.
Nous sommes bien obligés d’acter cette décision : les juges ont utilisé les moyens à leur disposition et ont fait leur travail. Mais nous regrettons que la justice administrative ne permette pas de mettre en discussion le fond des projets.
Nous estimons aujourd’hui avoir fait tout ce qui était possible pour défendre nos terres, faire prendre conscience des incohérences de ce projet et ouvrir le dialogue.
C’est pourquoi, outre les frais de justice que ce combat implique, nous avons décidé de ne pas aller plus loin dans les procédures judiciaires.
Cependant, nous resterons attentifs aux travaux et installations à venir sur la ZAC, et nous continuerons de dénoncer les illégalités que nous pourrions observer à l’avenir.
Notre mobilisation aura au moins permis de prendre conscience de l’importance de préserver les terres agricoles et d’engager la CCPU sur cette compétence négligée jusqu’alors. Elle a aussi conduit à s’interroger sur l’artificialisation des sols et l’impact des zones commerciales en périphérie des villes. Enfin, elle a ouvert des perspectives pour l’économie du territoire, avec l’agriculture et l’artisanat local.
Autant de sujets d’actualité dont il est urgent de se saisir désormais.
Bien que nos demandes répétées de concertation avec la CCPU soient restées sans réponse, et que nos propositions alternatives à la ZAC « Les Sablas » n’aient pas été étudiées, nous sommes fiers de voir nos idées reprises pour notre territoire :
Dans le cadre du Projet Alimentaire Territorial, la CCPU étudie la création d’une légumerie, d’une plateforme logistique pour les circuits-courts et d’un espace-test agricole pour installer de jeunes agriculteurs sur le territoire.
Autant de projets qui figuraient dans notre proposition alternative dès la première enquête publique en 2017. Malheureusement, la CCPU s’entête à ne pas destiner les terres de la ZAC à un projet agricole, malgré leurs remarquables atouts, leur accès facile à l’eau et la nécessité urgente de notre autonomie alimentaire locale.
Nous avons certes perdu une bataille, mais aucun combat n’est vain.
L’aventure que nous avons vécue ensemble se poursuit, et les associations locales se coordonnent encore pour activer la transition écologique et sociale en Uzège.
La prise de conscience environnementale est en cours, nous devons continuer à agir, toutes et tous, individuellement et collectivement.
Pour payer notre condamnation de 2000 € à la CCPU,
nous lançons un – dernier – appel :
une personne – un euro !
Des cagnottes à cet effet circulent sur le territoire, dans les boutiques, les lieux associatifs et autres soutenant le collectif et en ligne :